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La pédagogie Route

1/ Préambule

Ce document a pour objectif de définir les principes de la pédagogie Route.

Il faut savoir que chaque route est unique ; il ne s’agit donc pas ici de détailler le fonctionnement précis d’une route, mais d’en définir un cadre commun à l’ensemble du mouvement.

a/ But de la route

Finaliser la progression du jeune dans les buts du scoutisme afin qu’il puisse faire et vivre ses choix à la manière d’un adulte responsable. La branche Route permet de consolider les acquis, mais reste une phase d’apprentissage.

b/ Principes et objectifs fondamentaux

  • Définition de ses objectifs et des moyens de les atteindre, autonomie
  • Développement de l’esprit de service
  • Interactions avec les autres branches
  • Continuité de l’application des valeurs scoutes dans tous les domaines de sa vie
  • Ouverture sur le monde et la découverte

c/ Moyens

  • Un clan mixte, comme unité de vie de la route
  • Un pacte de clan entre les routiers, basé sur les 5 buts du scoutisme
  • Un référent, pour accompagner le clan
  • Un folklore spécifique (cérémonies, signes de reconnaissance, etc.)
  • Des temps de vie de route avec :
    • Des temps de réflexion sur soi, ses valeurs et sa place en tant que routier dans la société, les EEF, l’église…
    • Des services
    • L’élaboration de projet(s)
    • De l’aventure (adrénaline, responsabilités, découvertes…)
  • Des outils de progression, de clan mais aussi personnelle

 

2/ Organisation

a/ Le clan

On encourage l’entrée à la route à la suite d’un parcours éclaireur (mais ce n’est pas une condition). Dans ce cas mieux vaut ne pas attendre plus d’un an entre le départ de la troupe et l’entrée à la route. Rappelons que cela correspond à la sortie du lycée, et à l’entrée en études supérieures. Ainsi, lors de l’année de terminal, les jeunes de la haute patrouille auront eu le temps de former leurs successeurs, pour se concentrer sur l’épreuve du baccalauréat. À la rentrée suivante, les futurs routiers seront en études supérieures, au moins pour deux ans, et pourront former un groupe stable.

La route est ainsi composée de clans mixtes de jeunes entre 17 et 21 ans (la plupart du temps, tous auront 18 ans à l’été de leur première année de routier). La taille du clan doit permettre la mise en œuvre de projets (idéalement maximum 7 routiers). Une composition stable des clans est fortement souhaitable ; l’organisation interne de ces clans peut évoluer au fur et à mesure de l’avancement et de la vie du clan.

Dans le clan, un pilote est désigné pour mener le clan lors d’un projet. C'est ce qui permet à chacun de prendre des responsabilités différentes dans le clan et de découvrir et/ou d’acquérir des compétences. La façon de gérer les rencontres, les horaires et les contenus des rencontres sont fixés dans le pacte et sont de la responsabilité de chacun.

D’une manière générale, une route dure de 1 à 3 ans. Au vu des difficultés rencontrées lors de cette tranche d’âge (orientation et études post bac, délocalisation des jeunes…), on demande à la Route de s’engager sur 1 an, renouvelable selon les disponibilités, afin de réaliser des objectifs viables sur une année, qui correspond à la vision maximale que les jeunes ont à ce moment là de leur vie.

Le clan peut s’organiser pour continuer la route même si elle est séparée, à cause des études ou autre. Cela peut se faire de différentes manières, comme par exemple :

  • Une réunion trimestrielle en présentielle sous la forme d’un WE service (et pas forcément un service dans un groupe local),
  • La préparation d’une grande rencontre nationale pendant 1 année (Weekend Oasis, AG, Camp national…),
  • Le clan décide de passer le BAFA/BAFD ensemble, etc.

b/ Les référents

Chaque Route est accompagnée d’un référent, ou d’un binôme (un homme et une femme si possible) de référents, choisi par les routiers si possible (il doit y avoir un bon contact et une relation de confiance entre eux et les routiers). Ces référents doivent être approuvés par le CG et doivent avoir une certaine expérience de la vie scoute (ex : responsable EEF, 1er degré de formation chef). Ils doivent prendre en compte les différences dans les clans et amener chacun d’eux à maturité.

Leur rôle est d’accompagner les clans dans leur ensemble et de veiller également à encourager les routiers à un accompagnement individuel. Leur attitude et les moyens qu’ils mettent en œuvre doivent aider les jeunes à décider par eux-mêmes. Ils se doivent de respecter la sensibilité de chacun dans le choix et la mise en pratique des projets centrés sur le service ; promouvoir également les besoins du groupe local et/ou du mouvement, mais également de l’église. Il encourage les jeunes à l’engagement et à la formation BAFA.

Les référents font le lien entre le CG et la Route. Ils doivent aider les routiers à définir et atteindre leurs objectifs, veiller au bon climat social dans le clan (notamment relations amoureuses s’il y en a), ils doivent communiquer et aider à faire vivre la pédagogie route. Ils sont les garants du respect des dispositions législatives et sécuritaires.

Un clan diffère d’une route à l’autre et d’une année sur l’autre dans un même groupe. Les référents doivent donc garder à l’esprit qu’il est nécessaire de s’adapter en fonction des jeunes composant le clan. Il faut qu’ils analysent rapidement ce sur quoi ils doivent travailler (responsabilisation, gestion de projet, etc.) en fonction des « carences » des jeunes afin de les faire progresser.

Pour des raisons d’éloignement ou de projet spécifique, il peut exister des routes intergroupes. Dans ce cas il est important de définir dès le début les rôles et responsabilités de chacun, définir qui est référent de quoi.

c/ Le parrain - la marraine 

Une personne plus âgée, qui, idéalement, connaît le scoutisme (un ancien routier par exemple) et qui est prête à prendre du temps pour discuter avec le routier sur les points importants de sa vie : orientation, vie amoureuse, vie professionnelle, personnalité, caractère,... comme un mentor bienveillant qui sera disponible pour répondre à ses questionnements, et pour l'aider à devenir adulte.

Chaque routier est un adulte en devenir et choisit une personne avec qui elle se sent à même de partager cette intimité, et d’échanger sur les sujets dont il a besoin. La fréquence de rencontre entre le parrain et le routier est choisie par eux, c'est une relation spécifique qui se crée entre 2 personnes et il n'y a que deux règles à respecter : confidentialité et confiance.

 

3/ Outils

a/ Un folklore Route et un uniforme

La mise en place d’un folklore Route a pour but de matérialiser les étapes de la vie d’un routier, de créer une identité route (uniforme) et fait suite à un besoin réel des routes existantes.

b/ Le pacte

Le pacte, c'est le cadre du projet chez les routiers : c'est l'engagement que prennent les membres d'un clan à vivre tel projet, dans telles conditions avec un rôle bien défini pour chaque membre du clan. Dans la vie d'un clan, il y a autant de pactes que de projets.

La matérialisation de l’engagement sur le pacte est un point essentiel, une nécessité dans le processus de responsabilisation des jeunes. Il doit être établi en respectant chacun des 5 buts du scoutisme. Communément, ce sera un document rédigé par le clan, où chacun s’engage à s’investir et à tenir son engagement sur la durée choisie, mais libre au clan d’en choisir la forme qu’elle souhaite.

c/ Le carnet de Route

Le carnet de Route est personnel et semblable à un journal de bord (en cela différent du carnet de patrouille, qui retrace l’historique de la vie de patrouille).

C’est à chaque routier de décider du contenu de son carnet de Route, et de son format (papier, numérique, vocal…). A titre d’exemple on peut y retrouver :

  • des réflexions personnelles,
  • des lectures ou des citations,
  • des récits de camps et de services,
  • des bilans d’activités réalisées,
  • des rapports d’activités ou d'explorations; etc.

Il s’agit d’une mine de ressources inépuisables dont le rendement s'avère très apprécié au fur et à mesure que le routier l'élabore et qu’il parcourt du chemin sur la Route. Lorsqu’il le relira de temps en temps, il pourra ainsi constater ce qu’il a réalisé et où il en est rendu.

d/ La promesse

Si la promesse en elle-même est identique à celle de la branche éclaireur, elle diffère de par sa forme ; en plus de la promesse, on fait la lecture de la loi de l'éclaireur, et l’on demande au routier qui s’engage de s’exprimer sur sa motivation à faire sa promesse.

Pour ceux qui l’ont faite en tant que éclaireur, elle reste bien-évidemment valable. Néanmoins chaque routier peut faire le choix de la réaffirmer durant sa vie routier, particulièrement si sa motivation ou le sens de son engagement ont évolué depuis. Pour ceux n’ayant pas été éclaireur, ce sera là l’occasion de s’engager en tant que scout pour la première fois.

Pour les cérémonies de promesse, chaque clan est libre de créer sa propre tradition. Les promesses ne sont pas obligatoirement prononcées lors d’un RASS, d’autant plus que ce n’est pas un élément propre à la branche route.

e/ Le temps passion

C’est un temps fort pour souder le clan après sa formation. On encourage les jeunes routiers à faire découvrir au reste du clan leurs passions. Que ce soit un sport ou un art, chaque routier anime un temps autour d’un ou de plusieurs de ses centres d’intérêts, en faisant participer tout le clan.

Ces temps permettent à chacun d’apprendre à connaître l’autre, et d’apprendre aussi à s’ouvrir aux autres. Idéalement, chaque routier du clan présente et anime au moins une de ses passions auprès du clan. Il ne faut pas négliger ces temps : c’est ici que le groupe de jeunes routiers va devenir un clan qui se connaît et qui fonctionne ensemble.

f/ L’heure Route

C’est un moment de réflexion individuel, où le routier est amené à réfléchir sur lui et les autres, faire le bilan, des retours d’expériences, préparer les temps débat. Pour cela il utilise son carnet de Route, qui va lui permettre de suivre sa propre progression.

Le référent de la Route peut encourager ce moment-là, en donnant par exemple des pistes de réflexions, des sujets à méditer etc. mais c’est au routier d’en définir la fréquence selon ses besoins (à minima 1 fois entre deux rencontres de la route), et la forme (chez soi, en veille de feu etc.).

g/ Le temps débat

Un temps qui réunit le clan pour débattre des sujets auxquels les routiers ont réfléchi, comme les 5 buts du scoutisme appliqués à leur vie, ce que veut dire responsabilité pour chacun, où en sont-ils dans leur marche spirituelle… Chaque réunion du clan est propice à un temps débat. Les référents, ou les routiers eux même peuvent utiliser cette occasion pour apporter une vision chrétienne et un point de vue spirituel sur le sujet.

Le carnet de route peut être très utile dans ces temps-là, car les routiers peuvent y marquer ce qu'ils pensent, ce qu’ils vivent, puis partager et débattre s’ils le souhaitent.

Pour rappel, l’engagement dans la foi n’est pas une condition pour pouvoir être routier EEF. Conformément aux 5 buts du scoutisme, la spiritualité fait partie intégrante de la Route, à chacune d’en fixer le cadre et la forme.

À noter : le respect du libre choix dans le domaine spirituel et le respect de l’expression de la foi évangélique doivent être vécus dans la Route.

h/ Les services

Les temps de service sont également un moyen fort de souder le clan. Ils vont travailler ensemble, se découvrir sous un autre aspect, rencontrer des difficultés et trouver des solutions ensemble. Qu’ils soient simples, comme aider quelqu’un dans un jardin, ou plus ambitieux, devenir membre d’une association caritative par exemple, ce sont des temps à vivre en clan. Il faut encourager les jeunes à participer à ces temps, même si tous ne sont pas présents. Le projet de la Route devrait être basé autour d’un service (exemples : aide de camp, bénévole d’association, mission humanitaire…).

i/ Le projet

La vie de routier comporte un ou plusieurs projets, qu’ils soient petits (local, peu cher, facile d’organisation, court ou à court terme) ou grands (à l’étranger, cher, logistique complexe, long ou à long terme). Chaque projet doit émaner du désir commun de tout le clan de la Route, et chacun y a sa place et sa responsabilité, que l’on retrouvera dans le pacte du projet.

Le référent est là pour les accompagner dans ces projets, mais non pour faire à leur place. Il valorisera les projets tournés vers le service et vers autrui, fera également remonter les besoins du groupe local et/ou du mouvement, voir de l’église, et permettra de recadrer l’action si elle dérive (sorties personnelles, vacances…).

Après chaque projet, il est important de faire un bilan, personnel mais aussi collectif sur le projet réalisé : comment j’ai vécu mon rôle, ce qui a bien/pas bien fonctionné…

j/ Le rendu de projet

Après la réalisation d’un projet, le clan est amenée à faire le bilan de celui-ci, mais aussi à réaliser un rendu, que ce soit sous forme de vidéo, d’article, de présentation, de soirée etc..

Il s’agit surtout de faire partager aux autres, au groupe local, à la famille, aux amis, à l’église, aux partenaires… l’expérience vécue lors du projet ; une manière de les remercier s’ils ont contribué, et un bon exercice pour faire un bilan et garder des traces de ces souvenirs.

 

4/ Temps forts

a/ Montée à la route

Elle se pratique comme une montée louveteaux ou éclaireur. Il s’agit d’un accueil des jeunes, en leur expliquant les buts de la Route  et son folklore, au travers de jeux, d’énigmes… à chaque clan de créer sa propre cérémonie de montée à la route comme elle l’entend.

C’est à la route déjà en place d’accueillir les nouveaux routiers, mais ceux-ci constitueront leur propre route autonome au fil de l’année.

S’il n’y a pas assez de nouveaux routiers (1 ou 2) pour créer une nouvelle route, ils rejoignent la route déjà en place, si elle existe ; ils pourront choisir de s’intégrer au projet déjà en place s’il leur correspond, ou d’en créer un autre propre.

Sinon, on préfèrera les orienter vers la meute, ou les encourager à se former (BAFA, Mafeking, national…), plutôt que de s’engager à la troupe. En effet, on estime qu’un jeune éclaireur au camp d’été ne peut pas convenablement prendre un rôle dans la maitrise éclaireur à la rentrée suivante, soit 1 à 2 mois après son dernier camp, ne serait-ce qu’au regard de son ancienne patrouille / son ancien clan.

b/ Longue Piste   

La longue piste consiste en une retraite, où le routier va équilibrer marche, service, rencontres et prières. C'est l'accomplissement de la Route, le moment où le routier, en accord avec son parrain/sa marraine, fait le point sur ce qu'il veut faire dans l'avenir, sa façon de servir, ses buts,...

Il utilise les techniques apprises lors de sa vie scoute, et mets en œuvre aussi le service tel qu'il le pense. Il réfléchit à qui il est et comment évoluer, il prend la mesure du chemin parcouru à la Route et du chemin qui lui reste à parcourir.

Au terme de cette longue piste, le routier prend son Départ Routier qui vient clôturer son passage à la Route.

c/ Départ routier

Le départ routier est une décision prise individuellement par chaque routier, habituellement après 3 ans de vie de Route, et préparé avec son parrain/sa marraine, suite à la Longue Piste. Ce choix marque l’engagement du routier à vivre et mettre en pratique, tout au long de sa vie, les valeurs scoutes qui découlent des cinq buts du scoutisme.

Même si la forme reste assez libre, une cérémonie est prévue (voir fiche cérémonie départ Routier). Elle peut avoir lieu n'importe où, n'importe quand, mais on y retrouve obligatoirement d'une part l'engagement oral du routier à prendre son départ pour servir, et d'autre part la remise de certains objets symboliques pour la suite de son parcours.

Schéma : les étapes de la Route

Schéma : les étapes de la Route

5/ Autres

a/ Relation avec les autres branches

La vie à la route peut permettre un engagement ponctuel dans les autres branches selon leurs besoins (intendance, aide technique, animation etc.) en parallèle du cheminement routier. Cela doit être une volonté de la part du jeune de s’engager dans ce service, et il faut que ce double engagement (dans le clan de routier et dans la branche qu’il veut servir) soit réfléchi et assumé ; pour cela, le routier doit être bien conscient de la responsabilité que cela représente.

Afin de prévenir toute difficulté, il est nécessaire lors d’un ACM de définir des règles claires entre le directeur de l’ACM et le(s) routier(s) présent(s) et engagé(s) dans un service. Aussi, le clan de routier doit avoir une certaine liberté, pour qu’il puisse vivre la route tout en aidant pendant un camp ou un week-end, en ce sens que les routiers ont un rôle différent des chefs.

Lors des RASS, le clan se place comme les éclaireurs.

Certains choisissent d'être pleinement routier et chef sur l’année. C'est un choix qui ne se fait pas à la légère, car ça veut dire s’impliquer dans deux vies d'équipes : le clan de routiers et l'équipe de maîtrise. Ce choix est fait de façon personnelle, mais en accord avec les responsables de groupe, car il implique de vivre un parcours éducatif, tout en faisant vivre un autre à des plus jeunes.

Il est important que ce choix soit formalisé : pour soi et pour le clan de routier, car l'engagement est important et il faut qu'il soit connu de tous. Mais aussi pour le groupe, cela permet d'être identifié comme tel par la communauté des adultes du groupe, mais aussi par les parents de la branche accompagnée.

b/ Finances

Les finances d’une route sont gérées par le clan, qui doit rendre des comptes au groupe local associé à la route.

 

N’hésite pas à aller demander conseil aux anciens routiers pour toute question !