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Le Conseil au clair de lune

Notre but en écrivant cette fiche est de nous rapprocher au maximum, dans la mesure du possible, du Conseil au clair de lune tel qu’il est décrit dans Le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, support de notre pédagogie. C’est pourquoi nous citons à diverses reprises le chapitre traitant de cette histoire, afin d’expliquer la démarche choisie.

Il est donc important de faire le Conseil au clair de lune tel qu'il est décrit ci-dessous : pour reproduire ce que l'on retrouve dans Le Livre de le Jungle.

Pourquoi un Conseil au Clair de lune ?

Père Loup attendit jusqu'à ce que ses petits pussent un peu courir, et alors, la nuit de l'assemblée, il les emmena avec Mowgli et Mère Louve au Rocher du Conseil — un sommet de colline couvert de pierres et de galets, où pouvaient s'isoler une centaine de loups.

Le Conseil au clair de lune est une cérémonie qui est tiré du moment où, dans Le Livre de la Jungle, Mowgli est accueilli au sein de la meute.

Il a donc une grande importance pédagogique dans le sens où il replace tout ce qui est progression dans la dynamique et l’imaginaire de la Jungle.

Le Conseil au clair de lune est le moment où:

  • les petites grenouilles ou petits d’hommes (les nouveaux) deviennent patte tendre en recevant leur pelage (foulard);
  • les louveteaux reçoivent leurs nom de jungle;
  • les louveteaux ouvrent leurs yeux (remise des étoiles);
  • les louveteaux sont récompensés pour les gibiers qu’ils ont ramené (remise des brevets).

Il existe pour chacun de ces moments un déroulement particulier ponctué de chant(s), danse(s) de Jungle... que nous détaillerons plus loin.

Quand a t-il lieu, et à quelle fréquence ?

Le CCL a lieu généralement une fois par trimestre et deux fois lors du camp d’été (au début et à la fin), mais ce n’est pas une obligation : on le fait surtout quand le besoin s’en fait sentir, c’est à dire quand les petits d’hommes sont prêts à être patte tendre et/ou que les louveteaux ont beaucoup progressé.

Toutefois, il ne faut pas que le CCL soit un événement trop fréquent : il doit rester exceptionnel pour garder toute sa force et son « mystère ».

Il n’est donc pas utile de faire un conseil au clair de lune pour un seul gibier. Mais il peut s’avérer nécessaire de faire un CCL pour donner seulement un pelage, en début d’année ou lors de l’arrivée d’un nouveau en milieu d’année. En effet, il serait dommage de faire attendre à un enfant son pelage sous prétexte qu’il est le seul à ne pas en avoir.

Il remplace tout ou partie de la veillée (à la fin de celle-ci s’il ne la remplace pas en entier) selon la quantité de remises prévues. Il peut avoir lieu après une cérémonie d’appel au feu de camp avec les éclaireurs.

Où a t-il lieu ?

[...] il les emmena avec Mowgli et Mère Louve au Rocher du Conseil — un sommet de colline couvert de pierres et de galets, où pouvaient s'isoler une centaine de loups.

Il ne s’agit pas de trouver à tout prix une colline couverte de pierre et de galets, ni d’avoir de la place pour une centaine de loups !

Gardez simplement à l’esprit qu’il se fera dans la mesure du possible à l’extérieur, la nuit ou au crépuscule, dans la nature, avec suffisamment de place pour votre meute. L’idéal est d’avoir aussi un rocher, une souche pour qu’Akéla puisse être en hauteur.

En camp, le CCL aura lieu à un endroit fixe, un peu à l’écart du campement pour éviter que cela soit assimilé à un lieu de vie quotidienne par les louveteaux.

Pour le reste, laissez faire votre imagination : rendez le lieu « mystérieux » et beau, n’hésitez pas à utiliser des lampes, lanternes à bougies plutôt que des lampes de poche pour que l’ambiance soit inoubliable, sans toutefois être effrayante. 

Déroulement

Akéla, le grand loup gris solitaire, que sa vigueur et sa finesse avaient mis à la tête du Clan, était étendu de toute sa longueur sur sa pierre ; un peu plus bas que lui se tenaient assis plus de quarante loups de toutes tailles et de toutes robes [...].
On causait fort peu sur la roche. [...] Akéla, de son côté, criait :

— Vous connaissez la Loi, vous connaissez la Loi. Regardez bien, ô loups ! Et les mères reprenaient le cri :

— Regardez, regardez bien, ô loups !
À la fin [...] Père Loup poussa « Mowgli la Grenouille », comme ils l'appelaient, au milieu du cercle, où il resta par terre à rire et à jouer avec les cailloux qui scintillaient dans le clair de lune.
Akéla ne leva pas sa tête d'entre ses pattes mais continua le cri monotone :
— Regardez bien ! ... 

Quelque soit son contenu (pelage, gibier, œil...) le conseil commence ainsi :

Le lieu a été préalablement choisi et préparé, voire décoré par les vieux loups avant le début du conseil.

Akéla part discrètement de la veillée ou du campement et va s’installer sur son promontoire.

Les chefs restants, une fois qu’Akéla est prêt(e), emmènent les louveteaux en uniforme complet, en file indienne et en sizaines en chantant « Oh loups courons, courons en foule » au lieu du conseil. Les louveteaux chantent et ne font pas de bruits inutiles ni de chahut : c’est un moment joyeux mais solennel.

En arrivant les louveteaux se mettent en demi-cercle autour d’Akéla en position de loups pour ceux ayant un pelage. Pour qu’Akéla puisse commencer, il doit régner un parfait silence.

Puis, Akéla s’écrie : « Regardez, regardez bien oh loups » et les louveteaux reprennent en chœur : « Regardez, regardez bien oh loups », au moins une fois et autant de fois que nécessaire pour que les loups soient calmes et attentifs.

Dès lors, les cérémonies diffèrent selon la progression de la meute :

La remise de pelage

— Le Peuple Libre, qu'a-t-il à faire d'un petit d'homme ?
Or, la Loi de la Jungle, en cas de dispute sur les droits d'un petit à l'acceptation du Clan, exige que deux membres au moins du Clan, qui ne soient ni son père ni sa mère, prennent la parole en sa faveur.
— Qui parle pour celui-ci ? dit Akéla. Du Peuple Libre, qui parle ?
Il n'y eut pas de réponse.[...] Alors, le seul étranger qui soit admis au Conseil du Clan — Baloo, l'ours brun endormi, qui enseigne aux petits la Loi de la Jungle, [...] se leva sur son séant et grogna.
— Le Petit d'Homme... le Petit d'Homme ?... dit-il. C'est moi qui parle pour le Petit d'Homme. Il n'y a pas de mal dans un petit d'homme. Je n'ai pas le droit de la parole, mais je dis la vérité. Laissez-le courir avec le Clan, et qu'on l'enrôle parmi les autres. C'est moi- même qui lui donnerai des leçons.
— Nous avons encore besoin de quelqu'un d'autre, dit Akéla. Baloo a parlé, et c'est lui qui enseigne nos petits. Qui parle avec Baloo ?
Une ombre tomba au milieu du cercle. C'était Bagheera, la panthère noire.
[...]
— Ô Akela, et vous, Peuple Libre, ronronna sa voix persuasive, je n'ai nul droit dans votre assemblée. Mais la Loi de la Jungle dit que, [. . . ] à propos d'un nouveau petit, la vie de ce petit peut être rachetée moyennant un prix. Et la Loi ne dit pas qui a droit ou non de payer ce prix. Ai-je raison ?
— Très bien ! très bien, firent les jeunes loups, qui ont toujours faim.
Écoutons Bagheera. Le petit peut être racheté. C'est la Loi. [...]
— Tuer un petit nu est une honte. En outre, il pourra nous aider à chasser mieux quand il sera d'âge. Baloo a parlé en sa faveur. Maintenant, aux paroles de Baloo, j'ajouterai l'offre d'un taureau, d'un taureau gras, fraîchement tué à un demi-mille d'ici à peine, si vous acceptez le Petit d'Homme conformément à la Loi. Y a-t-il une difficulté ?
Il s'éleva une clameur de voix mêlées, parlant ensemble :
— Qu'importe ! [...] Quel mal peut nous faire une grenouille nue ?... Qu'il coure avec le Clan !... Où est le taureau, Bagheera ?... Nous acceptons.
Et alors revint l'aboiement profond d'Akéla.
— Regardez bien... regardez bien, ô loups ! [...]
Shere Khan rugissait encore dans la nuit, car il était fort en colère que Mowgli ne lui eût pas été livré. Un rugissement sourd partit de derrière les rochers — c'était la voix de Shere Khan :
— Le petit est mien. Donnez-le-moi. Le Peuple Libre, qu'a-t-il à faire d'un petit d'homme ? Akela ne remua même pas les oreilles ; il dit simplement :
— Regardez bien, ô loups ! Le Peuple Libre, qu'a-t-il à faire des ordres de quiconque, hormis de ceux du Peuple Libre ?... Regardez bien ! [...]
— Emmenez-le, dit-il à Père Loup, et dressez-le comme il sied à un membre du Peuple Libre.

On demande au(x) sizenier(s) d’amener en position de loup le(s) petit(s) d’homme(s) concernés (debout puisqu’homme) au centre du cercle en le poussant par le museau.

Akéla : « Oh loups, voulez vous de ce petit d’homme ? »

La meute : « Oh non, il est tout nu, ne saura pas chasser, est trop petit, etc... »

Akéla : « La loi de la jungle dit que, pour qu’un petit soit accepté, il faut que deux membres du clan parlent pour lui. Y a-t-il quelqu’un qui veuille parler pour ce(s) petit(s) d’homme(s)? »

Baloo se manifeste : « Moi, Baloo, je parle pour lui. Il ne nous fera pas de mal, au contraire. Je lui enseignerai la loi de la jungle. »

Akéla : « Bien, Baloo a parlé. Mais il faut encore quelqu’un pour parler pour le(s) petit(s) d’homme(s). »

Bagheera sort de l’ombre : « La loi de la jungle dit que l’on peut racheter la vie de ce petit en payant un prix. Maintenant, aux paroles de Baloo, j'ajouterai l'offre d'un taureau, d'un taureau gras, fraîchement tué à deux km d'ici à peine, si vous acceptez le Petit d'Homme en échange, conformément à la Loi. Vie pour vie ! »

Akéla : « Oh loups, Baloo a parlé, Bagheera a payé. Acceptez vous à présent ce petit d’homme comme l’un des nôtres ? »

La meute : « Oui, oui, c’est d’accord ! »

Akéla : « Regardez, regardez bien, oh loups ! »

On lui remet son pelage avec les crocs en le félicitant. On fait le ban des louveteaux.

Akéla : « Pour [nom du louveteau] yap yap yap ? »

La meute : « Yahou ! »

Akéla : « Yap yap yap ? »

La meute : « Yahou ! »

On fait alors une ronde, et toute la meute fait la danse « L’arrivée de Mowgli au conseil ». Puis chaque louveteaux retourne à sa place s’il y a d’autres remises à faire.

Quand un louveteau ouvre un œil

Bagheera, vient à côté d’Akéla en tant que responsable de la chasse.

On appelle le louveteau qui va ouvrir un œil, celui-ci vient en position de loup et se place en face d’Akéla. Elle le félicite, l’encourage, et Bagheera lui remet l’étoile que le louveteau prend avec les crocs. Si le louveteau porte un béret , l’étoile peut-être fixé tout de suite dessus pour éviter de la perdre. Ensuite pour le féliciter Akéla fait le ban des louveteaux. Puis on procède de même pour chaque louveteau ayant ouvert son premier œil.

Quand tout les louveteaux qui devaient ouvrir un œil l’ont eu, « Frère loup, tu viens d’ouvrir un œil ».

On fait de même avec les deuxièmes étoiles, en chantant à la fin « Frère loup tu ouvres tes deux yeux ».

Quand un louveteau a ramené du gibier

Bagheera vient à côté d'Akéla en tant que responsable de la chasse.

On appelle le louveteau ayant ramené du gibier. Celui-ci vient en position de loup. Akéla le félicite, l'encourage et Bagheera lui donne le ou les écussons correspondant au gibier ramené, que le louveteau attrape avec les crocs. Ensuite, pour le féliciter Akéla fait le ban des louveteaux. Puis on procède de même pour chaque louveteau ayant ramené du gibier.

Pour donner un nom de jungle

Lorsqu'un ou plusieurs louveteaux vont recevoir un nom de jungle, Bagheera les emmène dans un endroit suffisamment éloigné du conseil pour que ceux-ci ne puissent pas entendre ce qui se dit autour du rocher.

Les vieux loups ainsi que les sizeniers et seconds de sizaines ont déjà discuté pour choisir des noms. Ceux-ci sont présentés à la meute, qui donne son avis. Lorsque cela est décidé on appelle un des noms choisi suffisamment fort pour que le/les louveteau(x) avec Bagheera puisse(nt) l'entendre.

Dans le cas où l'on donne un nom à plusieurs louveteaux, si celui qui arrive n'est pas le bon pour ce nom, on lui dit de repartir auprès de Bagheera et ainsi de suite jusqu'à ce que ce soit le bon louveteau qui arrive.

On explique alors au louveteau qu'on lui donne son nom de jungle, et on lui demande si celui-ci lui convient. Il est préférable d'avoir deux noms à lui proposer, le louveteau ne se sentant pas toujours concerné par la qualité qu'on lui attribue.

Lorsque le louveteau a accepté son nom, on le félicite, il retourne à sa place auprès de la meute. S'il y a d'autres louveteaux, on procède ainsi pour chacun d'eux. Bagheera revient avec le dernier appelé.

À faire avant le Conseil au Clair de Lune :

  • On cherche et on prépare le lieu du Conseil.
  • On fait un conseil d’Akéla, pour prévenir les sizeniers et seconds-de-sizaine du déroulement du conseil au Clair de lune : qu’est-ce qu’on va remettre à quels louveteaux, et leur rappeler le folklore.

Si des noms de jungle sont donnés, il est intéressant de les choisir en Conseil d’Akéla, car les louveteaux connaissent souvent mieux la véritable personnalité de leurs camarades que les chefs !

  • On prépare le matériel : on prévoit les gibiers, les étoiles et les pelages à donner, et éventuellement les déguisements, les décorations à placer au dernier moment...
  • On prépare la meute aux dialogues de la remise de pelage si aucun d’eux ne le connaissent.

Ce qu’on ne fait pas en CCL :

  • On ne fait pas de promesse : en effet la cérémonie de la promesse est une cérémonie à part. Elle n’apparait pas dans le Livre de la Jungle, ce qui en fait un engagement auprès de la meute qui prépare à la promesse éclaireur, et n’est pas un élément du folklore.
  • On ne fait pas peur aux louveteaux : il faut veiller à ce que le louveteau comprenne qu’il s’agit d’une mise en scène en ce qui concerne le refus initial des autres loups de l’accueillir au sein de la meute, et faire attention à ce que l’apparition de Shere- Khan ne soit pas effrayante mais qu’elle reste un jeu.
  • On n’impose pas un nom à un louveteau : l’idéal est de choisir deux noms, et de proposer au louveteau de choisir celui qui lui correspond le mieux. En effet, le but et de faire plaisir au louveteau et de l’encourager à progresser en mettant en avant une de ses qualités, pas de lui imposer un adjectif dans lequel il ne se retrouve pas.
  • On ne fait pas de “faux-noms” : un louveteau peut se sentir humilié si on lui propose pour plaisanter un nom de jungle péjoratif ou ridicule.